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Oxydz L'interview


Oxydz
Oxydz L'interview
Beatmaker depuis bientôt 15 ans, Oxydz rejoint l'équipe de beatmakers du label Negative Music / Satellite Music et signe des productions magistrales. Il s'impose enfin comme l'un des maîtres d'œuvre de l'architecture musicale du projet historique DEPARTEMENTS, sortis en 2008.

Son style clairement orienté Rap lourd et efficace, fait de lui l'un des beatmakers les plus prometteurs de la scène hexagonale.


1. Salut Oxydz, merci à toi d'avoir accepté cette interview ! Peux-tu te présenter pour les internautes qui ne te connaitraient pas encore ?

Tout d’abord merci à toi de me donner l’opportunité de m’exprimer. Pour les présentations : Je viens du 78, et sa va faire bientôt 15 ans que je suis beatmaker, c'est-à-dire producteur de rap. J’ai fait des beats pour : Aketo - Seth gueko - Ärsenik - Kamelancien - Ol'Kainry - Sat de la FF - Grodash - 2Bal - Delta - Kennedy - John Gali - Poison - 25G - Rappeurs D'1Stinct - Nysay - 13or (SKadrille) - Black V-ner - Zephir - Farage - Diomay - Rma2n - Freko - Dicidents - Chodo - Le Remede... etc, la liste est encore plus longue.

On fait souvent appel à moi pour les morceaux sombres ou conscient, sans doute à cause de mon gout pour les ambiances de film et la musique classique. En France, on a vraiment un « son » différent du reste, une identité musicale, un style d’Instru. J’essai de mettre en avant cette différence plutôt que d’imiter les kainry ou d’essayer de faire du son formaté « radio ».


02. Quelles sont tes influences musicales et comment en es-tu venu au Hip Hop (plus précisément à la prod.) ?

J’ai eu très tôt un gout prononcé pour la musique, j’ai commencé les cours de solfège à l’âge de 9 ans. J’ai découvert le rap en français quelques années plus tard avec le titre de Rapsonic « Vas-y mets la dose » et la compilation Rapattitude. A partir de la tout a changé, je me suis imprégné de tout ce que je pouvais trouver sur le sujet : Rapline, radio Nova, l’Affiche... A l’époque c’était assez difficile et on était peu nombreux, il fallait fouiner partout.

C’est comme ça que le Hip Hop est devenu mon mode de vie. D’ailleurs je suis passé par la danse, l’écriture, le graf, un peu toute les disciplines, et tout naturellement j’en suis arrivé à la prod. Au début je faisais ça pour moi, pour mon plaisir. Puis en 1995 des potes de lycée m’ont proposé de faire partie d’un groupe (avec Mass’Yves, Teaz et Rito). Et de fil en aiguille je me suis mi à produire pour tout le monde. Mes Influences principal sont les musiques de films, la soul, le gospel, les ambiances sombres lourdes.

En beatmaker français je respect énormément Proof, Ajevi, DJ Crown, en son kainry j’aime Alchemyst, Havoc, j’apprécie particulièrement le style « Queen’s Bridge ».


03. Tu es signé chez Satellite Music depuis juillet 2007, que t'a apporté cette signature ?

Sa m’a apporté vraiment beaucoup de chose en plus par rapport à l’autoprod ou à mon ancien label (K1P de 1999 à 2002), et ça continue de m’en apporter. Principalement la motivation de bosser avec des gens vraiment efficace et pro dans leurs démarches. Il y a beaucoup de manque de professionnalisme dans le milieu du rap français, beaucoup de profiteurs. Pleins d’artistes baissent les bras à cause de ça. Il est très dur d’être bien entouré.

Satellite Music pour moi c’est avant tout des gens qui connaissent le taf. Qui peuvent me conseiller, m’apporter vraiment quelque chose au niveau artistique, ils peuvent me faire profiter de leur carnet d’adresse.

En contrepartie il me reste beaucoup plus de temps pour m’investir, je peux me lâcher, faire vraiment de la qualité et même tester des trucs nouveaux.


 04. L'année précédente tu as produit une centaine d'instrumentales, n'a tu pas peur de t'essouffler ou de finir par manqué d'inspiration ?

Satellite Music m’a trouvé plein de plans, j’ai reçu plusieurs demandes pour mes sons. J’ai vu ça comme une opportunité à saisir, un challenge. J’ai réussi à mettre 96 morceaux dans les bacs.  Mais c’est vrai que c’est dur de ne pas se répéter. Il faut tout le temps se remettre en question. Tout le monde te le dira : Même si tu es le meilleur, si tu ne te renouvèle jamais, au bout de 1 an tu soul tout le monde ! C’est ce que je me suis dit en tout cas. J’ai vraiment travaillé là dessus. Chacun de mes sons a une âme. Perso je suis satisfait de moi, et je pense que les auditeurs aussi.


05. Tu as composé plusieurs instu pour  "DEPARTEMENTS" (77, 78, 91..), comment c'est passé la sélection de tes prods ?

D’habitude j’aime bosser avec l’artiste, rentrer dans son délire, dans son histoire. Avec le projet Départements on a fait les choses un peu différemment.

Tout d’abord il faut savoir qu’il y a plus de 150 artistes qui ont participé à ce projet ! On a donc travaillé non-stop de septembre 2007 à janvier 2009 !!! Je produisais des palettes de 10 - 15 instrus qu’on faisait écouter à l’artiste. C’est l’artiste qui sélectionné sa prod. J’ai produit une soixantaine de morceaux dans les Départements qui sont déjà sortis (78 – 77 – 91 – 94 – 95 – 13 – 75) et il reste encore une vingtaine de morceau à moi dans 92 et 93 qui vont sortir en février – mars 2009.

Ce projet énorme restera pour moi une expérience de ouf !


06. Tu utilises plutôt des logiciels, plutôt des machines, ou les deux pour tes prod ?

Plutôt des machines. J’ai rien contre les logiciels, les VST etc. Mais c’est pas mon truc. Le son est trop propre, trop clair. Je veux avoir un gros son bien sombre et un peu sale. J’utilise une MPC 2000 et un Synthé TRITON. Après à coté j’ai des vieux synthés : mon Casio SK5, j’ai aussi un petit analogique et tout un tas de petits trucs du même genre. J’utilise le PC juste pour traiter des sons et pour faire des maquettes sur CDR. J’utilise beaucoup de sample de musique de films ou classique, des vieux vinyles bien sûr.


07. Quel conseil donnerais-tu à nos jeunes lecteurs qui débuteraient dans la production ?

De faire de l’original, pas d’essayer de faire de la copie. Chercher à se faire plaisir à soi-même avant tout. Ne pas essayer de trouver absolument ce qui va plaire aux autres. De ne pas se dire qu’on va faire des millions en sortant un morceau « club », j’entends sa trop souvent, c’est vraiment naïf... De respecter ceux qui étaient là avant, et de ne pas se croire meilleur qu’eux. Il faut être ouvert, pas être quelqu’un de renfermé sur soi-même, ne pas rester tout le temps entre quatre murs, écouter toute sorte de musique.

Le rap français est encore jeune et il y a encore de la place pour les gens créatifs qui apportent vraiment du nouveau.


08. Pense tu qu'en France les beatmakers sont assez mis en avant, à la différence des États unis où ont peu les voir dans les clips, et ou même seul le nom du producteur fait vendre ?

C’est pire que ça même ! Les gens ne savent même pas ce que c’est, en général on me demande si je suis DJ dans des soirées, beaucoup de confusion. Le rap français n’est pas encore mature. Les premières générations on mit en place des structures, des labels. Maintenant c’est la phase de maturation, de reconnaissance par le publique. Et pourtant le beatmaker fait la moitié d’un morceau. Si le beat est naz, même avec un bon rappeur, personne n’en voudra. Je pense que c’est possible pour un beatmaker avec une grosse personnalité de ce mettre en avant. Sa ne sera jamais au niveau des states, les deux pays sont vraiment trop différents, mais c’est possible.


09. As-tu d'autres projets en préparations ?

Oui trop ! Déjà les Départements 92 et 93 qui promettent d’être les meilleurs. Beaucoup d’artistes avec qui j’ai bossé sur les départements m’ont invité dans leur album, j’ai des propositions de Grodash, 400 Hyènes, Meknessy, 5 sur 5… plein de bonnes choses qui devraient arriver dans pas longtemps.


10. Je te remercie du temps que tu m'as consacré et je te laisse donc le mot de la fin !!!

Pour finir je dirais que 2009 c’est l’année du retour du vrai rap français. Les gens sont un peu soulé par le dirty à la française, les rappeurs de soirée, et autre auto-tune imitation Lil Wayne ou T Pain. La pluparts des groupes que je vois en ce moment préparent des sons 100% rap français. Il y a un retour général au son français. Mais pas un retour en arrière ! Non. Un son qui évolue, qui s’alimente de lui-même. Le challenge c’est de faire du vrai rap français … mais en innovant. C’est dur de faire ça, mais d’après ce que j’ai pu écouter en exclu dans les studios, cette année 2009 promet d’être explosive !

Merci beaucoup de m’avoir donné la parole et à bientôt.



Teaser (Exclu) d'Oxydz :

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