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Halte-S l'interview


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Halte-S l'interview

Avec la démocratisation d’Internet et la « facilité » relative de sortir des net-tapes ou des projets en Téléchargement Gratuit sur ce média, les projets qu’on peut écouter ne sont pas forcément de qualité et peu sortent du lot. « LE BAL DES OMBRES » est une des rares exceptions parmi les projets sortis depuis ce début d’année sur Internet, avec 9 titres aux sonorités diverses loin de la tendance. Rencontre avec HALTE-S, un MC talentueux de la région parisienne qui nous répond sans détour sur son projet, son parcours et son futur dans le Rap.




Avec la démocratisation d’Internet et la « facilité » relative de sortir des net-tapes ou des projets en Téléchargement Gratuit sur ce média, les projets qu’on peut écouter ne sont pas forcément de qualité et peu sortent du lot. « LE BAL DES OMBRES » est une des rares exceptions parmi les projets sortis depuis ce début d’année sur Internet, avec 9 titres aux sonorités diverses loin de la tendance. Rencontre  avec HALTE-S, un MC talentueux de la région parisienne qui nous répond sans détour sur son projet, son parcours et son futur dans le Rap. 
 
 

01. Salut HALTE-S ! Tout d'abord, merci à vous d'avoir accepté cette interview! Peux-tu te présenter pour les auditeurs qui ne te connaitraient pas? 

HALTE-S, 23 ans, Rappeur d'Epinay-sur-Seine. Je rappe depuis 1999. 
 

02. Le fait de t’appeler HALTE-S (« altesse », ndlr) n’est-il pas un peu prétentieux sans être forcément très connu ? 

Au début, mon blaze c'était LASIK. En 2000, j'allais rapper à la MJC. J'ai renconté RUDY, un grand de ma cité (j'avais 15 ans) qui rappait déjà avec BUSTA FLEX à l'ancienne et qui m'a dit : « LAZIK, c'est pourri comme blaze, trouve un vrai blaze, faut qu'les gens te reconnaissent direct ». J'avais la rage. Le lendemain j'suis revenu, j'avais trouvé un autre blaze "HALTE-S". Là il m'a dit : « Tu t'la racontes maintenant ? ». Et j'ai répondu que HALTE-S, ça voulait dire "HALTE-STOP MC DANGEREUX" et j'me suis mis à clasher tout le monde. Et puis c'est resté. Après le jeu de mot avec Altesse, je ne m'en suis jamais soucié. Peut-être que ça peut être mal interprété, mais je répondrai qu'ils peuvent garder la couronne, j'en veux pas, j'garderai ma casquette (rires).  
 

03. Quelles sont tes influences musicales et comment en es-tu venu au Rap ? 

J'écoute du Rap depuis que j'ai 11-12 ans, quand j'étais en primaire. J'écoutais NTM, IAM, RAGGASONIC, MINISTERE AMER. Puis au collège, LUNATIC, ÄRSENIK et BUSTA FLEX. A cette époque, il y avait plus de messages, plus de ferveur par rapport au mouvement et c'est ça qui m'a fait kiffer. Je me suis intéressé au Hip-Hop, je graffais vite fait, puis comme j'avais des choses à dire, des choses à denoncer et je me sentais en décalage avec la société, alors j'ai fait du Rap.   
 

04. Tu fais partie du groupe VERIDIK SECTION avec ton acolyte DOO-SAY, comment en êtes-vous venus à faire du Rap ensemble ? 

On a formé le groupe en 2002. Avant, chacun rappait de son côté avec ses potes. On voulait sortir un projet avec nos groupes respectifs, puis au final on l'a sorti ensemble (il s’agit du 1er Maxi, intitulé « Épisode Répétitif en 2002, ndlr). T'as vu, on a tous grandi ensemble, alors ça c'est fait naturellement. 
 

05. Tu appartiens également au collectif CONVOYEUR DE FLOW, comment s’est constitué ce regroupement ? 

On a tous grandi ensemble, on se connaissait déjà. En 2005, DOO-SAY et moi travaillions sur notre 1er Album. On s'est tous capté en studio. Et puis sortir un projet tous ensemble, ça s'est fait comme ça. Donc on a mis notre album en stand-by, et en 2006 on a sorti « Première Transaction ». On en avait pressé 600 exemplaires, qui sont tous partis en 1 mois. Mais on n'a pas repressé, car entre temps il y en a qui avaient arrêté le Rap, il y en a 1 qui était « bé-ton », et il y en a qui ont préféré partir en solo. On était 9 : HALTE-S, DOO-SAY, SKARLY, RHINO, DAS-K, K-LIM, RAP'AS, MIC MANI & S'K.  
 

06. Ton actualité, c’est la sortie de ton EP 9 Titres (en Téléchargement Gratuit ICI), pourquoi avoir voulu sortir un projet d’une telle ampleur en solo ? 

Après avoir sorti l'album de VERIDIK SECTION (« Mes Thèses et Vous » en 2007, ndlr), on s’est dit que sortir un projet chacun de son coté ça nous permettrait de parler de choses plus personnelles et de développer encore plus notre potentiel parce que là t'es tout seul, donc c’est toi qui gère tout. Et moi j'kiff les challenges, les défis, alors j'ai bossé sur le « Bal des Ombres », complètement en décalage avec ce qui se fait aujourd'hui, de la pochette jusqu'à son contenu.  
 

07. Dans quel état d’esprit as-tu abordé ce projet ? Cela ne t’a pas fait trop bizarre de travailler sans ton acolyte ? 

J'ai commencé avec 4 mois de retard déja (rires). On a eu pas mal de concerts, de radios pour la promo, on été contacté pour d'autres projets comme des compiles ou des mixtapes, on nous a invités aussi pour des featurings.

Je m'occupe aussi d'une association de rap pour les jeunes dans ma cité. Alors je n'avais pas beaucoup de temps pour mon projet. Je ne l'ai vraiment démarré qu'en Mars 2008.

Et malgré le fait que je taffe sur mon projet en solo, beaucoup de gens sont venus me voir en studio, voir comment les choses avançaient. Et DOO-SAY était là généralement lors des séances de mixages. 
 

08. Ton projet s’intitule « Le Bal des Ombres », quelle est la signification de ce titre ? 

C'est "la Musique des Indépendants". Le "bal" fait référence à une musique harmonieuse. C'est pour ça que sur l'album j'ai choisi spécialement des instrus piano-violon, c'était pour coller au concept. Et les "ombres" c'est un clin d'oeil à tous ceux qui bossent hors-média. 
 

09. Au niveau des featurings, il y a bien entendu DOO-SAY mais également d’autres rappeurs et chanteuses, comment se sont faites les connections ? 

Ce sont toutes des personnes de mon entourage, c'est la famille. Et puis il y a une chanteuse de l'association (KAYLIZ) qui a une voix magnifique et qui n'a que 15 ans, c'était impossible qu'elle n'apparaisse pas (rires).

Et sur la Réédition Collector, il y aura beaucoup d'autres featurings, avec notamment toute la nouvelle génération Rap de ma ville. 
 

10. Pour les productions, à qui as-tu fait appel ? Avais-tu déjà eu l’occasion de collaborer avec eux ? 

Alors pour les prods je ne connais aucun des gars (rires). J'avais demandé à des potes de me trouver des instrus sur le net. J'ai recolté un dossier d'environ 200 instrus je crois. Et j'ai choisi celle qui collaient le plus avec le projet et qui m'inspiraient.

Sinon côté prods pour mon album (prévu pour 2010), je bosse avec SCH (Sinik, Rim'k du 113...), TOX 974 (Rohff, Busta Flex, Chil-P...) et d'autres moins connus mais qui défouraillent tout aussi bien (rires). 
 

11. Le morceau « Thérapie de l’Âme » est autobiographique. Le Rap, et à plus forte raison l’écriture sont-ils de vrais moyens thérapeutiques pour toi ? 

Ouais carrément. J'écris tout le temps. Pour moi, pour d'autres rappeurs, pour des chanteuses. L'écriture me permet d'évacuer tous ce que j'ai dans la tête et par la même occasion de faire passer mes messages.  
 

12. Dans le morceau « Tout ça je m’en tape », tu expliques pourquoi tu rappes, montrant notamment les aspects pervertis du Rap français plus précisément. Quel regard portes-tu sur la scène Rap Hexagonale ? 

Je pense que la plupart des artistes médiatisés aujourd'hui sont des marionnettes (c'est le clin d'oeil sur la pochette d'ailleurs). Ils se font manipuler par des gens qu'on ne voit pas et ceux qui sont usés, on les laisse dans le fond, à la retraite.

Dans le Rap Indé, c'est moins fréquent t'as vu, y a ceux qui font ça pour la thune et ceux qui font ça pour les valeurs du Hip-Hop. Maintenant le rap perd toute sa valeur sociale. Dealer, braquer, ça c'est plus de l'argent facile, c'est faire du rap. Chacun sa motivation, moi je rappe par passion. 
 

13. De quel évènement t’es-tu inspiré pour le morceau « Le Jour se lève » ? (Sur une très belle instru comme on n’en fait pas assez en rap français, ndlr) 

J'avais envie de faire ce morceau depuis longtemps. J'avais regardé le film « Hotel Rwanda », ça m'avait choqué. Puis  les guerres civiles au Tibet et en Birmanie. Sans oublier la guerre stupide en Irak. Tous ces innocents qui meurent inutilement, fallait en parler. 
 

14. Tu as fait beaucoup de scènes, notamment des 1ères parties pour BUSTA FLEX ou PRINCESS ANIÈS. La scène prend-elle une importance particulière dans ta carrière ? 

La scène c'est le vrai kiff. En studio tu fais attention aux intonations, à l'articulation, tu recommences quand c'est pas bon. Mais là, sur scène tu n'as pas le droit à l'erreur, c'est ça qui te met la pression et j'adore ça. Et j'ai la chance que le public soit réceptif à mes messages, au moins j'ai le sentiment d'exister. 
 

15. Je crois que tu planches sur une mixtape, avec ton groupe VERIDIK SECTION, qui devrait sortir fin 2008 / début 2009, peux-tu nous en parler un peu plus ?  

Pour l'instant, il n’y a rien d'officiel. DOO-SAY vient de finir son album « Skelletik Thug ». On va enchaîner sur nos clips respectifs puis sur la promo et les interviews. Ce qui est sûr c'est qu'il y a beaucoup de projets. On est aussi en contact avec certains labels, mais rien d'officiel parce que ce sont des vrais requins (rires). 
 
 

16. En dehors de ce projet, travailles-tu sur d'autres projets en solo ? (album, featurings, compil', etc.)? 

La Réédition Collector du « Bal des Ombres ». 20 titres prévus pour début 2009, pour fêter mes 10 ans dans le mouvement Hip-Hop. Sinon, il y a des mixtapes et des compiles pour la rentrée. On m'a appelé aussi pour poser sur des albums. Donc je ne vais pas dormir beaucoup (rires).

Je vais m'occuper de l'ADACEM, notre association avec laquelle les jeunes ont accès à des ateliers de Rap et qui organise des évènements Hip-Hop sur ma ville. Et pour 2010, mon premier Album solo, ça c'est officiel (rires). 
 

17. Je te remercie du temps que tu m'as consacré et je te laisse donc le mot de la fin!!! 

D'abord merci à toi, et merci à toutes les personnes qui font avancer les choses hors-média, parce que personne ne doit tirer les ficelles de notre musique. Car si on laisse des gars qui ramassent un micro par terre s'autoproclamer rappeur, alors ceux qui bossent depuis plusieurs années dans l'ombre le mérite d'autant plus. 

2008 © Grizzmine & Radio unda
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